Un virus utilisé par une guêpe parasite a colonisé tous ses chromosomes

Habituellement, chez les espèces, les parents transmettent à leur descendance tous les gènes qui leur sont propres. Toutefois, il peut arriver qu’une espèce fasse ingérer ses propres gènes dans la structure génétique d’une autre. C’est de cette façon qu’une guêpe parasite est arrivée à contaminer l’ADN de ses hôtes. Découvrez comment se passe cette transcription horizontale de gènes.
Quelle est l’histoire derrière ce virus ?
Il y a des millions d’années au crétacé, un virus s’est incorporé au génome d’une guêpe parasite. En effet, le crétacé est l’époque géologique au cours de laquelle vivaient déjà des espèces comme le dinosaure non aviens, l’ammonite et la guêpe Cotésia. C’est en cette période que le bracovirus a jugé bon de s’ingérer dans la structure organique de cet insecte parasite. Ainsi, pour assurer leur survie, ces insectes s’attaquent aux chenilles qui constituent leur nid de guêpes.
Depuis lors, vivant dans la chenille, la guêpe parasitoïde Cotésia a commencé par pondre des œufs dans celle-ci. Pendant la reproduction, la guêpe parasite transmet à ses œufs certaines particules. Ces dernières sont constituées grâce au virus qui niche dans son génome. C’est ainsi que la guêpe Cotésia arrive à libérer du bracovirus à tous ses chromosomes. Ce faisant, le parasite contamine aussi son hôte qui développera plus tard des comportements de violence.
Comment se développent les larves des guêpes parasites Cotésia ?
Une fois que la contamination de la chenille est faite, le virus organisera sa propre propagation dans le corps de celle-ci. Comment s’y prend-il ? D’abord, il s’assure que la chenille ne s’opposera pas à sa multiplication. En effet, lorsque le virus entre dans l’organisme de la chenille, il constate que son adversaire est de taille du fait de son système immunitaire.
Ainsi, il s’attaque à ses organes immunitaires pour affaiblir leurs défenses. Il détruit aussi les cellules antivirus qui rendront l’organisme de son hôte facilement accessible. Il bouleverse donc les aspects physiologiques de la chenille qui se transformera en un nid de guêpes Cotésia. Cette modification physiologique occasionnera la multiplication des larves de la guêpe dans le corps de la chenille.
Cela permet à la guêpe d’emprisonner irrémédiablement la chenille pour en faire un nid de guêpes. Cet hôte lui permettra de surveiller ses larves jusqu’à ce qu’elles atteignent la maturité. Quand arrive le moment de quitter le stade larvaire, les larves parasitoïdes trouent la membrane cutanée de la chenille. Elles le réalisent à l’aide de leurs mandibules. Cette perforation leur vaut une ascension dans le monde extérieur. Toutefois, la chenille continue de vivre en tissant une enveloppe douillette pour ses visiteurs encombrants. Elle constituera aussi une protection pour les larves contre des passagers curieux de ce qui se passe à l’intérieur.
Que disent les expériences pratiquées en laboratoire ?
Pour comprendre comment un virus utilisé par une guêpe parasite a colonisé tous ses chromosomes, plusieurs études ont été effectuées pour comprendre le mode de vie de la guêpe parasitoïde Cotésia. L’une d’elles a d’ailleurs établi, pour une première fois, un catalogue complet sur la présentation du virus dans le génome de l’insecte. En effet, il a été réellement prouvé que les gènes du virus se sont propagés à l’intérieur de la guêpe jusqu’au point où tous ses chromosomes ont été atteints.
Dans la pile de gènes viraux intégrés, il y a 100 millions d’années, les études ont montré que seulement 13 ont survécu au temps. C’est bien cette douzaine subsistante qui a colonisé tous les chromosomes de la guêpe Cotésia. Parmi ceux-ci, le chromosome 5 (C5) est le support sur lequel se sont localisés certains gènes à origine virale. Il fut nécessaire de le rappeler parce que ces gènes ont occupé la majorité du bras court de ce chromosome.
Les expériences ont même confirmé que la femelle de la guêpe parasite ne s’oppose pas à la multiplicité des particules virales dans ses ovaires. Puisque leur production devient de plus en plus massive, on considère que le bracovirus n’est pas un corps étranger à l’organisme de la guêpe. C’est la raison pour laquelle, après une centaine de millions d’années, le virus s’est fondu dans l’anatomie et la physiologie de l’insecte.
Le virus est-il néfaste au développement de la guêpe ?
Il n’est plus à prouver que lorsque des virus s’ingèrent dans la structure génétique d’une espèce, ils finissent peu à peu par se dégrader. À la suite de cette lente dégénérescence, ils disparaissent de l’organisme de l’eucaryote. Le contraire s’est produit avec le bracovirus qui a pris le corps des guêpes Cotésia pour demeure.
De plus, ce virus s’est révélé non nuisible à l’organisme de l’insecte. En effet, il protège la guêpe parasite contre toutes les défenses extérieures pouvant nuire à la survie de sa progéniture. Aussi, il transfère à l’eucaryote des gènes viraux qui maintiennent la chenille hôte comme le nid de guêpes de son visiteur. Cette immunosuppression de la chenille lui évite d’avoir des réactions protectrices et immunologiques à l’égard de la descendance bactérienne de la guêpe.
Enfin, le virus constitue un gardien pour la guêpe parasite puisqu’il lui permet de former un nid de guêpes avec le corps de son hôte. Cela est rendu possible par le changement physiologique complexe que le virus opère sur l’hôte. C’est aussi l’une des raisons pour lesquelles on peut constater la propagation exponentielle du bracovirus dans le génome de l’insecte.
Les guêpes Cotésia sont-elles nuisibles à l’homme ?
Majoritairement, les guêpes font directement allusion aux piqûres. Pour la plupart d’entre elles, leurs piqûres sont bénignes. Toutefois, ces insectes peuvent constituer un danger pour l’homme lorsqu’elles attaquent en groupe une seule personne. Cette menace qu’ils représentent pour l’être humain n’égale quand même pas leur utilité pour celui-ci.
En effet, les guêpes parasites Cotésia sont utiles pour l’homme à plusieurs égards. Tout d’abord, elles sont redoutables face à certains lépidoptères. La biologie démontre que ces guêpes luttent contre d’autres insectes qui viennent ravager les cultures. C’est bien pour cette raison qu’elles sont massivement produites pour préserver les plantations de canne à sucre au Brésil. Elles sont utilisées depuis les années 80 contre les chenilles qui perforent les tiges de canne à sucre et le résultat est spectaculaire.
Loin de la réputation qu’elles se sont construite par leurs piqûres, cette espèce de guêpes constitue des prédateurs. Contre d’autres nuisibles, elles protègent les végétations et garantissent de belles récoltes. Elles débarrassent les champs et les jardins des pucerons. Les larves présentes dans le nid de guêpes Cotésia sont également nourries avec ces intrus.